Le 3 juillet 1974, le Conseil des ministres annonce une suspension officielle de l’immigration en France...💭
Près de 50 ans plus tard, les initiatives pour changer de regard sur l’exil se multiplient : TEDx donne la parole sur le sujet, le Refugee Food Festival mets en lumière des chefs réfugiés, L’atelier des artistes en exil réunit 150 artistes originaires de 25 pays différents pour aborder le sujet à travers l’art et La Croix-Rouge de Belgique propose une expérience digitale immersive pour ouvrir la parole.
Malgré cela, le tabou de l’exil perdure, alors si on décryptait ça ensemble ?
Des médias qui forgent l'opinion
Depuis toujours, les prises de paroles politiques ainsi que les médias contribuent à l’image que la société se fait des flux migratoires.
C’est pourquoi, aujourd’hui, de nombreux préjugés sont accordés aux exilés, notamment à cause des discours politiques et médiatiques divulgués. En effet, il est très rare que ces publics soient mis en avant pour leur intégration professionnelle ou leur volonté d’avancer, et pourtant, chez Weavers, nous en avons de très beaux exemples !
Depuis 1945, on compte une réforme sur l’immigration tous les deux ans en moyenne, ce qui permet une visibilité accrue à ce sujet dans les médias. Selon une étude de l’Institut Convergences Migrations sur la relation entre attitudes et couverture médiatique de l’immigration, plus le temps d’antenne accordé au sujet est important, plus cela exacerbe l’opinion publique, polarise le sujet et pousse à des attitudes extrêmes.
Également, l’étude révèle que la manière de parler d'exil joue un rôle majeur. Si le discours est positif, cela influencera peu les attitudes, en revanche, si le discours est négatif, cela jouera un rôle clef sur les attitudes anti-immigration. Par exemple, sur une chaîne regardées par des personnes plutôt défavorables à l’immigration, on associera ce sujet à son coût à 20% et au terrorisme à 12%.
Un choix de mots qui déshumanise et condamne, loin des réalités humaines liées à la migration.
Des préjugés injustifiés
Outre ces représentations médiatiques, de nombreux facteurs forgent la vision que chacun d’entre nous se fait de l’exil. C’est pourquoi il est intéressant de recueillir les réactions que suscitent spontanément ce sujet, alors même que 80% des français pensent que l’immigration est un sujet dont on ne peut pas parler sereinement en France.
Souvent, l’idée qu’il y a trop d’exilés en France à tendance à ressortir. Mais la réalité est bien différente, il y a moins d’étrangers en France que la perception que l’on s’en fait. Une perception influencée par un discours politique qui se focalise exagérément sur la question, des opinions anti-immigrés ou encore car certains craignent la concurrence des immigrés sur le marché du travail.
Dans le même registre, mais plus nuancé “la France n’a pas les moyens d’accueillir des exilés” alors même que les personnes étrangères résidentes en France ne représentent que 7.7% de la population totale et que la France se situe au 12e rang des pays européens pour la part des exilés dans sa population. Une idéologie que l’on doit notamment aux discours politiques et médias tels que : “La France n’a pas les moyens d’une vague migratoire de plus”, Laurent Wauquiez, 2021.
Toujours pour la tonalité négative, deux grands sentiments semblent ancrés :
le sentiment que les exilés jouissent de trop nombreux droits
et le sentiment que l’exil est la source de nombreux maux.
Des sentiments sans légitimité et eux aussi biaisés. Pour en savoir plus, direction le mémento chiffré de Désinfox-Migration !
Pour contrebalancer, l’idée que l’immigration constitue une chance pour la France et un levier d’enrichissement culturel est centrale ! Et pour preuve, toujours selon l’étude de Désinfox-Migration, 81.5% des personnes français pensent nécessaire de lutter vigoureusement contre le racisme.
Des données qui nous permettent d’affirmer que la vision que les citoyens se font de l’immigration est fausse, manipulée par les médias et discours politiques, et donc apte à changer avec un débat apaisé sur le sujet ! Une mesure que nous espérons toujours mettre en place avec la convention citoyenne sur la migration, dont l’appel est encore en cours.
Des entreprise désinformées
Le monde de l’entreprise est toujours un sujet, chez Weavers, nous œuvrons pour créer la rencontre entre les entreprises et les personnes exilées afin de leur permettre une insertion professionnelle digne et durable.
Cependant, tout comme les citoyens, les entreprises ont quelques idées reçues sur ces publics…
Apriori 1 : Les exilés sont sous-qualifiés
Dans un premier temps, elles ont tendance à penser que cette main-d’œuvre est faiblement qualifiée. Une information erronée ! En effet, selon l’Ifri, 40% des personnes exilées arrivées depuis moins d’un an en France ont un diplôme égal ou supérieur au baccalauréat. Elles ont simplement tendance à subir un déclassement professionnel à leur arrivée, c’est pourquoi aujourd’hui, 40% d’entre eux sont surqualifiés pour le nouveau poste qu’ils occupent.
Apriori 2 : Les exilés ne veulent pas travailler
Le deuxième apriori qui ressort le plus concerne le fait que les personnes exilées ne chercheraient pas de travail, alors même que selon l’Ifri, 66% d’entre elles ont cherché du travail depuis leur arrivée en France. Et parmi elles, 32% n’ont pas réussi à se
faire embaucher, et 10% ont trouvé des emplois temporaires, notamment dans l'hôtellerie, le commerce, la construction ou encore le bâtiment.
Apriori 3 : Les exilés sont compliqués à embaucher
Également, les entreprises pensent que l’embauche d’une personne exilée nécessite des démarches administratives supplémentaires et contraignantes, et ne font pas la différence entre les réfugiés et demandeurs d’asile, des idées que nous déconstruisons avec nos entreprises partenaires lors des formations qui leur sont destinées.
Leurs autres craintes sont notamment liées à la barrière de la langue et à l’acculturation digitale et culturelle. Des éléments qui, chez Weavers, sont travaillés avec nos apprenants à travers des cours de FLE, de développement personnel ou de pouvoir d’agir afin qu’ils aient toutes les cartes en mains pour s’insérer professionnellement et avoir des projets !
Alors, prêts à lever vos tabous sur l’exil ?
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